Cette conférence propose de mettre en lumière l’aspect créatif mais aussi les limites et les questionnements de la mise en scène d’ouvrages d’auteurs suisses et étrangers au cinéma.

En effet, autant le roman peut devenir une véritable source d’inspiration cinématographique, autant la liberté créatrice du cinéaste peut s’éloigner du texte et proposer ainsi une oeuvre presque nouvelle en soi. Jusqu’où la touche du metteur en scène permet un nouvel éclairage sur le roman et jusqu’où ce parti pris oriente le spectateur? Jusqu’où le cinéma répond à une attente implicite du public venu pour le génie du cinéma?

Ces enjeux seront abordés autant par les adaptations d’œuvres littéraires suisses qu’étrangères à travers trois aspects. Le premier aspect sur la fonction du film par rapport à la réception de l’ouvrage sera expliqué grâce à C.F Ramuz et à la mise en scène d’un de ses ouvrages: «Derborence» par Francis Reusser en 1985 et qui a permis justement de changer le regard du public sur les écrits de Ramuz.

Le deuxième aspect va se pencher sur la fonction du film inspiré d’une oeuvre littéraire comme un levier pour intéresser le public à une problématique ou un fait historique. Dans cette optique, nous aborderons l’ouvrage de Kathryn Stockett: «La couleur des sentiments», roman publié en 2009 et traduit en français, qui a été porté sur grand écran par Tate Taylor en 2011.

Le livre comme le film permettent de mettre en lumière les conditions de vie des domestiques noires afro-américaines dans le Mississippi des années 60 avec un regard de critique sociale sur le racisme. Dans cette perspective encore «La Liste de Schindler» de Thomas Keneally et repris par Steven Spielberg en 1993 au cinéma permettra d’aborder par ce type de sujet la fonction du film dans le devoir de mémoire historique.

Le troisième axe permettra de se questionner sur la mise en image par le cinéma de notre imaginaire mobilisé par la lecture. En effet, jusqu’où la mise en image permet de continuer l’imaginaire des lecteurs ou au contraire peut le restreindre ou le décevoir? Dans ce thème, nous aborderons deux films cultes de science-fiction tirés d’oeuvres littéraires: «Frankenstein» de Mary Shelley et «Dune» adapté par Denis Villeneuve, dont le premier volet était sorti en 2021 et le deuxième en 2024.
En avance sur son temps, l’auteur posait déjà les enjeux écologiques actuels qui remettent en cause les conditions de vie de l’homme. Comment arriver à la hauteur de la série culte de Frank Herbert?

Nous conluerons ce panel de liens entre littérature et cinéma avec le regard que nous pouvons porter sur l’adaptation de bandes dessinées au cinéma comme avec l’exemple de «Persépolis» de Marjane Satrapi qu’elle a adapté avec Vincent Paronnaud à l’écran en 2007 et qui propose une autobiographie centrée sur la révolution islamique en 1979 en Iran du point de vue d’une petite fille, Marjane, jusqu’à l’âge adulte en Iran et en France et qui traverse des crises identitaires en miroir avec les crises sociétales. Autant la bande dessinée que le film ont reçu de nombreux prix dont l’Oscar du meilleur film d’animation en 2008.